Contes, mythes et légendes,
"Manifestation vivante de la Vie Unique",
dits par Régor au gré de la Vouivre

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L’ARRIVÉE DE JONAS À NINIVE
 
Voir L’initiation dans le ventre de la baleine :
 
 
 
 
Cathédrale de Strasbourg,
frise dite "symbolique" située du côté nord du massif occidental,
datée de 1300-1310.
 
Jonas, nu, amaigri, squelettique, chauve, les bras écartés dans le même mouvement que tous les bien-heureux qui ont maîtrisé le Dragon, sort du ventre du Grand Poisson.
Il est béni à gauche par le Christ dont il est le Signe et qui a dit :
« Oui, comme Iona a été dans le ventre du poisson trois jours et trois nuits, ainsi le fils de l’homme sera au cœur de la terre trois jours et trois nuits.
Les hommes de Ninive se lèveront au jugement avec cet âge. Et ils le condamneront, parce qu’ils ont fait retour après le message de Iona. Et voici, plus que Iona est ici !… » 
(Evangile de Matthieu. 11, 40-42)
 
Le pied gauche de Iona  est encore dans la gueule du Grand Poisson ; son pied droit touche terre. Ses jambes et ses bras écartés joignent la Terre et le Ciel, avec qui il a rétabli son Lien essentiel.
La tour hexagonale et le personnage qui l’attend à la porte représentent-ils Ninive et ses habitants, eux qui vont se « retourner » en entendant la parole du prophète ?
« Jonas, mettant les pieds sur le sol de Ninive, retourne immédiatement à sa véritable nature en lien avec l’esprit qui toujours féconde la matière, qui toujours “féconde matière[1]” par l’unité indissociable qui les lie l’un à l’autre. Il a la conviction que tout est possible, il a une confiance absolue dans l’énergie d’amour qui l’anime. Une mue s’opère et tombent en lambeaux les incertitudes, les doutes, les hésitations, les fuites en avant. C’est un don de la vie qui est en nous, cette vérité établie, inébranlable, sûre, pérenne qui lui sert de guide, de règle de conduite. Jonas porte en lui le Lien avec l’Esprit …
Ceux qui accueillent sa parole, dont les yeux s’ouvrent enfin, comprennent et se dépouillent, ne gardent que l’essentiel en ne s’alimentant plus des multiples nourritures extérieures mais en puisant dans leurs ressources intérieures inépuisables. C’est cela, jeûner, se livrer à une concentration unifiante pour ne plus être déstabilisé par ses impulsions. Ce n’est pas la seule vaine privation de nourriture ! »
 
(Régor, Le Signe de Jonas, brochure polycopiée sur demande.)
[1] Voir Emmanuel-Yves Monin, Le Manuscrit des paroles du Druide sans nom et sans visage, 1990, éditions Y. Monin.
   
La frise est située au pied de la grande tour octogonale qui porte la flèche de la cathédrale.
Parmi les huit statues de la rambarde se trouve sainte Barbe… 
   
 
 
 
 
Sainte Barbe, patronne des alchimistes, tenant sa Tour-Athanor.
 
    Alexandrine Vayssac, auteure de Sainte Barbe, de la Tour à la  Foudre (à paraître) précise :
      « La Tour de sainte Barbe n'est que la reprise d'une image archétypale plus ancienne à laquelle nous avons vraisemblablement affaire ici. Il s'agit d'une représentation du personnage archétypal de l'Inclusa, être qui sort transfiguré de l'athanor alchimique que représente la tour… Il ne s'agit sans doute pas d'une représentation d'une sainte particulière. Nous sommes au-delà des représentations par les saints et à un niveau d'évocation archétypal plus large. Tout comme dans La Nativité de Mathias Grünewald, la sortie de la tour semble être l’issue à un processus alchimique accompli dans l’athanor de la tour. »
 
 
 
 
      Claire Kappler écrit :
     « La “sainte qui sort de la tour”, ce doit être un motif aussi célèbre que celui de Jonas, puisqu’ils sont mis en regard, avec la tête de Dieu en haut à droite. Cela me rappelle le célèbre tableau de Mathias Grünewald, conservé à Colmar, La Nativité, où on voit une jeune femme environnée de lumière sortant d’une sorte de pavillon gothique ajouré et marchant vers la Vierge à l’Enfant. Le symbole me paraît être le même : beaucoup d’interprétation se sont déployées sur cette jeune femme, dont on n’a toujours pas trouvé le sens. Certains disent que c’est l’Eglise. Cela est sans doute plusieurs à la fois, comme presque toujours au Moyen Âge, il y a un étagement de sens reliés entre eux. »  
 
 

L’incarnation du Fils de Dieu. Concert des Anges.
Matthias Grünewald
 (Grünewald : litt. « Forêt verte », de son vrai nom probablement Mathis Gothart Nithart),
  Rétable d’Issenheim, objet sacré thérapeutique :
 
Le retable avait une fonction : accompagner les malades atteints du feu de Saint Antoine, maladie dégénérative provoquée par l'ergot de seigle (accompagnée de visions hallucinatoires telles qu'en montre la Tentation) et que soignait l'ordre des Antonins.
 
 
Musée d’Unterlinden, Colmar, XVème siècle.
 
Des spécialistes modernes ont situé les sources
de la complexe iconographie de Grünewald dans
les Révélations de sainte Brigitte de Suède,
un ouvrage mystique du XIVe siècle,
très diffusé à l'époque de la Renaissance allemande.
 
 
 
Le Concert des Anges.
Détail de l'Incarnation du fils de Dieu.
Voir la description curieuse qui en est faite dans :
 
« Au premier plan, un ange richement vêtu joue de la viole ; deux autres anges musiciens sont à l'intérieur du temple, dont un ange - oiseau. Au-dessus d'eux grouille une multitude d'êtres ailés ou non, surtout les six figures bleuâtres entourant une tête ailée recouverte de plumes. De nombreuses interprétations contradictoires et confuses ont été faites de cette scène, et notamment au sujet du personnage central couronné. »
 
 
 
***
 
La Frise dont fait partie la scène de Jonas
 
 
L’auteure des photographies écrit : « Cette représentation fait partie d’une frise dite "symbolique" située du côté nord du massif occidental, datée de 1300-1310.
D’après nos historiens, elle représente les "préfigurations de la Résurrection et les évocations symboliques du Christ" selon la théologie du Moyen Age. On y trouve entre autres le lion soufflant sur ses petits, une chasse à la licorne, Moïse et le serpent d’airain, le pélican, le phénix, le sacrifice d’Isaac, l’aigle et ses petits face au soleil, et plusieurs scènes de chasse. »
 
 
 
   
 
  
 
 
 
       
Françoise de conclure :
 « Je suis retournée au texte biblique, en utilisant la  "Nouvelle traduction de la Bible" de chez Bayard. L’introduction au Livre de Jonas est de Marc-Alain Ouaknin. Il mentionne qu’en hébreu YONAH signifie "colombe" et, par "intertextualité", renvoie à la Genèse :  Jonas le prophète est aussi la colombe de la paix de Noé.
 
 
 
          
         “Pour annoncer la paix, la fin du déluge et des violences, il faut être Yonah, à la fois prophète et colombe, c’est-à-dire accepter les métamorphoses et les changements”
Voilà un beau programme pour ce début d’automne… »
 
Dans le nom Jonas, le J indique l’homme tourné vers le passé, au contraire de Ionas, enraciné dans le présent. Ce prophète est encore appelé Yônah : l’androgyne (Y) ayant retrouvé sa totalité d’être (O) par le Principe (^) déploie (N) la manifestation (A) de l’esprit (H), décrypte la Langue alchimique des Oiseaux. (Voir : link)
 
          Philippe Laurent, de Nice, nous dit : 
« Le jour du grand pardon (Yom Quippour), le texte de Jonas est lu à la synagogue et par tous les juifs pieux, en fait, c'est bien du PARDON dont il est question, le pardon de Dieu pour les humains, le pardon des humains pour leurs frères, pour Dieu, pour la terre etc.... La situation de la planète Terre peut changer  si le véritable PARDON prend "corps en nos cœurs" …
J'ai l'intuition que cette affaire nous relie  à quelque chose de VASTE, d'URGENT et de FONDAMENTAL !...et que de multiples "Yonah" vont se découvrir ici et là en authentiques porteurs du NOM !... »
 
      « Bien sûr, vous l’avez compris, Jonas, c´est chacun de nous, et Ninive, la multitude innombrable des humains de la terre... »
 
      En fin de « conte », Yônah typifie alors l’Homme Parfait, Célestiel, un et multiple… dont on ne peut rien dire avec les mots des langues terrestres.
 
 
© Photographies Françoise Pfirsch.
 
 
  Frère Feuillu de la cathédrale de Metz.
©
Photographie Alexandrine Vayssac.

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