Contes, mythes et légendes,
"Manifestation vivante de la Vie Unique",
dits par Régor au gré de la Vouivre

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Toute trame d’un conte peut être réinvestie. Voici comment une conteuse de talent, faisant écho au conte précédent, fit la surprise d’un contre-point extraordinaire :
 
 
LA VIE

EST MERVEILLEUSE

 

 
Il était une fois une vieille, très vieille femme qui, toute sa vie, avait vu des merveilles s'accomplir. Elle avait connu, certes, des difficultés mais, à chaque fois qu’elle en avait eu besoin, la Grâce Divine se manifestait sous n’importe quelle forme pour lui venir en aide ; de cela elle était immensément reconnaissante. Le bonheur n'était pas un vain mot pour elle et, sur la fin de sa vie, elle rayonnait d'une joie vivante et profonde.
Un dimanche, à l'église, alors que le prêtre prêchait comme à l'accoutumée son sermon et parlait de toutes les misères du monde, du péché, de la nécessité de faire pénitence, de la souffrance et des maladies, elle n'y tint plus, se leva, lui coupa la parole et cria devant l'assemblée médusée :
- C'est pas vrai ! la vie est merveilleuse !
Interloqué, le prêtre bredouilla :
- Ce n'est pas vrai, on ne peut pas dire cela !
- Si, si, si... Je le répète, et je le répèterai partout : la vie est merveilleuse !
- Oseriez-vous redire cela devant notre évêque ? demanda le prêtre qui ne savait quelle contenance prendre.
- Oui, oui, oui, je le redirai partout : la vie est merveilleuse ! Je le redirai devant l'évêque, devant le Pape, devant le Président de la République lui-même, s'il le faut ! La vie est merveilleuse !
 
Le prêtre déconfit rendit compte à son évêque. Celui-ci convoqua la vieille le dimanche suivant dans la cathédrale de son diocèse. La petite vieille fut amenée devant lui, accompagnée par le prêtre et les gens de son village qui voulaient en témoigner, curieux de savoir ce qui allait se passer.
- Oseriez-vous redire ici, tonna l'évêque, ce que vous avez affirmé au prêtre de votre village dimanche dernier en l'interrompant au milieu de son sermon ?
- Oui, oui, oui, je le redirai partout, ici ou ailleurs : la vie est merveilleuse ! Je le redirai devant le pape, devant le Président de la République s'il le faut ! La vie est merveilleuse ! La vie est merveilleuse ! répondit la petite vieille toute ragaillardie par cette aventure excitante, et j'en prendrai la terre entière en témoin !
- Comment pourriez-vous en prendre la terre entière à témoin ? demanda l'évêque.
- Eh bien ! Si vous êtes prêt à me suivre jusque dans la montagne, je vous emmènerai sur un sommet escarpé d'où l'on peut voir d'autres montagnes et des plaines à perte de vue et vous entendrez la terre entière rendre témoignage à la vérité !
 
Toute l'assemblée avait suivi avec intérêt la discussion, se demandant comment cette étrange aventure se terminerait. L'évêque, lui, ne pouvait se dérober à la demande, sous peine d'être déconsidéré auprès des paroissiens. Il suivit donc la petite vieille, accompagné d'une troupe de curieux…
Après plusieurs heures d'une rude montée, quand tout le monde fut immobilisé devant le plus grandiose paysage que l'on puisse imaginer, dans un silence étrange et surprenant, émue par tant de beauté, d'une voix forte et enthousiaste, la vieille femme s’écria :
- La vie est merveilleuse, la vie est merveilleuse !
Et l'écho au loin répéta :
- La vie est merveilleuse... la vie est mère veilleuse... la vie est merveille... émerveille... merveille... La vie est Mère... mère... la vie est... la vie... vie... vie...
 
L’écho se perdit mais tous furent saisis par l'évidence de ces mots qui pénétrèrent dans leur cœur comme par magie. Et ils s'en retournèrent tout retournés.
[1]



 
Oui, la Mère Universelle est Mère Veilleuse, qui veille sur tout et tous !
Nul besoin de se faire souffrir et d’endurer les malheurs que l’on se crée pour convoiter un hypothétique paradis pour demain ou pour l’au-delà ! Mieux vaut vivre joie et bonheur aujourd’hui, ici et maintenant. A ceux qui ne cessent de chercher, il a été dit dans un logion de l’évangile de Thomas : « Que celui qui cherche ne cesse pas de chercher et, quand il trouvera, il sera retourné », il prendra alors ses racines dans le Ciel...
Pour cela, ne faut-il pas sortir de la contre-nature que nous allons voir s’exprimer dans les contes suivants…
 
 

[1] - Conte écrit par Kinthia Appavou, septembre 2005, en écho au conte précédent : « La vie est méchante »..



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