Contes, mythes et légendes,
"Manifestation vivante de la Vie Unique",
dits par Régor au gré de la Vouivre

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CONTES DE L'OR-RIANT

contact:
robert-regor.mougeot@worldonline.fr

Recueil de contes polycopiés, illustrés.
   
Les Contes de l'Or-Riant
rassemblent des histoires
de Nashrudin,
des contes indiens,
soufis,
zen,
des contes des
Mille et Une Nuits…
* * * * * * * * * * * *

Régor conteur
* * *



Régor

vous propose de venir conter à domicile,

Il vous suffit pour cela d'inviter quelques amis...

Selon les circonstances,

il peut conter seul

ou être accompagné en musique par Florence.



ou bien par Merilla à la harpe,
Isline au violoncelle,
Kinthia à la flûte...

contact:
robert-regor.mougeot@worldonline.fr

* * *
Quelques contes...

"PLUS QUE ÇA !"

"PLUS QUE ÇA !"

Un jour, on ne sait comment, Nashrudin, vêtu de haillons, sale et pouilleux comme le pire des mendiants de Bagdad, pénétra à l'intérieur du palais du Calife et vint s'asseoir sur le trône suprême.
Le chambellan, entrant dans la salle, fut horrifié devant ce sacrilège. Il s'apprêtait à appeler les gardes pour faire jeter en prison cet imposteur quand il pressentit comme un mystère... Il s'approcha du trône et dit à Nashrudin :
- Même le Premier Vizir n'oserait pas s'asseoir sur ce trône... Tu ne prétends tout de même pas être le Premier Vizir ?
- Ah non, répondit Nasrudhin, je suis plus que ça !
- Plus que ça ! Mais, au-dessus du Premier Vizir, il n'y a que le Calife ! Tu ne prétends tout de même pas être le Calife ?
- Ah non, répondit Nasrudhin, je suis plus que ça !
- Plus que ça ! Plus que ça ! Mais au-dessus du Calife, il n'y a que Dieu ! Tu ne prétends tout de même pas être Dieu !
- Ah non, répondit Nasrudhin, je suis plus que ça !
- Plus que ça ! Plus que ça ! Plus que ça ! Mais au-dessus de Dieu, il n'y a rien !
- Eh oui, dit Nasrhudin, je suis ce rien !

 


"LA MÉTAMORPHOSE"



"LA MÉTAMORPHOSE"

C'est une histoire d'amour ! Oh ! Toute simple !
Peut-être est-ce la vôtre d'ailleurs...
Au bord d'un ruisseau, une libellule volète au-dessus de l'eau, parmi les roseaux, dans le ciel bleu du printemps.
Et soudain, elle fait la rencontre de sa vie !
Il est là, dans le ciel, voletant comme elle, et, dans l'instant, ils se sont reconnus ! Brusquement, lui s'immobilise dans l'air et fond sur elle. Il vole au-dessus, la saisit dans ses pattes, la prend par la taille. Leurs abdomens filiformes et diaphanes se recourbent lentement et s'unissent, formant dans le ciel bleu un seul corps en forme de cœur suspendu à quatre paires d'ailes vrombissantes...
Et ce cœur vole, de-ci, de-là...
Tous les amoureux ont regardé, émus, le vol des libellules accouplées, et ce cœur rouge qui tourbillonne dans l'air !

Mais, alourdi par l'amour, le couple est comme attiré par la surface de l'eau dans laquelle le soleil printanier se reflète. Il est comme aimanté par ce miroir. La chute semble inévitable, mais lui ne veut pas, ne peut pas lâcher sa compagne...
Fatiguée, elle se pose sur la tige d'un roseau, et là, attirée inexorablement, elle descend à reculons, lentement, très lentement, centimètre par centimètre. Lui pourrait la laisser, mais non, il ira jusqu'au bout de son amour, dans ce royaume glauque, sous l'eau où elle descend inexorablement. Et les voilà totalement immergés..
Alors, elle laisse sortir, dans un dernier spasme, ses œufs un à un, puis ils meurent enlacés, noyés dans cette eau froide ou la lumière semble absente, où tout est entraîné par un lourd courant si différent du souffle printanier du vent...
Il meurt par amour ; elle meurt pour donner la vie !

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Peut-être est-ce seulement maintenant que la vôtre commence...
De ces œufs naissent de petites larves affreuses et laides, avec une énorme mâchoire. Et voilà que ces monstres dévorent tout ce qui passe à leur portée. Elles happent tout ce qu'elles peuvent, du moins celles qui ne sont pas dévorées par plus fort qu'elles !
Et elles vivent ainsi, loin du véritable soleil, sans rien connaître du ciel bleu ni de l'air vivifiant, dans cette eau lourde et opaque, au milieu de toutes les herbes qui ondulent au gré du courant.
Portant chaque larve porte en elle comme une nostalgie d'autre chose, mais elle ne sait quoi..., comme un souvenir confus d'un autre monde où le soleil est si chaud et l'air si pur !
Les jours, les semaines, les mois s'écoulent ainsi sans espoir pour la larve, à dévorer tout ce qui passe à sa portée. Mais voilà que cette nostalgie se fait plus pressante, plus forte, plus tenace, et un jour, elle ne sait pourquoi, voilà qu'elle s'accroche à la tige d'un roseau, le même peut-être que celui qui a vu ses parents enlacés mourir noyés...
Et elle monte, centimètre par centimètre, comme attirée par la surface qui reflète une autre lumière qu'elle n'avait jamais remarquée jusque là.
Une douleur terrible envahit toutes les fibres de son corps, elle se sent mourir, et pourtant, elle continue sa lente avancée.
Et voilà qu'elle atteint la surface. Son corps se raidit, se déchire dans un spasme d'agonie. Et de ce cadavre déchiré, une gracile libellule sort, se sèche et prend son envol vers le soleil et le ciel bleu.

Ah ! N'ayez de cesse, trouvez ce support pour l'ascension, et le roseau enfin trouvé, ne craignez pas la mort et montez, montez quoi qu'il en coûte...

 

 

"LA VÉRITÉ TOUTE NUE"

"LA VÉRITÉ TOUTE NUE"

Quelqu'un, bien inspiré sans doute, m'a posé une question tout à l'heure :
- Pourquoi utilisez-vous le Conte pour parler de la Sagesse et de la Vérité?
Je vais répondre à cela par un conte... sur un conte, en quelque sorte...

En des temps fort anciens, la Vérité habitait au fond d'un puits, quelque part dans le désert. C'était la Vérité-Toute-Nue qui vivait là depuis des millénaires, et seuls quelques sages, ou prétendus tels, allaient parfois la contempler.
Or un jour, la Vérité décida, on ne sait trop pourquoi, de sortir du puits où elle vivait et de parcourir les villes et les villages des hommes.
Elle sortit comme elle était, c'était la Vérité-Toute-Nue !
Mais lorsqu'elle traversait les rues et les ruelles des villages des hommes, ceux-ci se détournaient d'elle par honte et par crainte. Ils n'osaient pas la regarder dans les yeux et ils ne supportaient pas de la voir ainsi nue...
Et elle, la Vérité-Toute-Nue, était très triste et malheureuse de se sentir ainsi rejetée, telle une pestiférée avec sa clochette. Et elle repartait sur les chemins, toujours plus triste et plus malheureuse...

Or, un jour où elle était encore plus triste qu'à l'accoutumé, elle fit la rencontre du Conte, dans ses beaux habits de fête, des habits chatoyants, multicolores et joyeux.
- Ah ! Bonjour Vérité-Toute-Nue, lui dit le Conte qui n'avait pas peur de la regarder dans les yeux. Mais pourquoi as-tu l'air si triste et si malheureuse ?
- C'est, lui dit la Vérité-Toute-Nue, que lorsque je traverse les rues et les ruelles des villages des hommes, ceux-ci se détournent de moi comme si j'étais vieille et laide !
- Mais tu le sais mieux que personne, Vérité-Toute-Nue ! Tu n'es ni vieille, ni laide ! Ce n'est pas cela ! Ils ne supportent pas tout simplement de te voir nue. Tiens, choisis parmi mes plus beaux habits, et tu verras...

C'est depuis ce temps là que la Vérité emprunte les plus beaux habits du Conte. Et les hommes lui font ainsi un meilleur accueil...
[1]

Mais vous qui avez compris la Vérité, nul besoin avez des beaux habits du Conte qui ne sont qu'oripeaux !
Osez montrer votre peau !
Contemplez, vivez la Nue Déité !
Contemplez, vivez votre Nue Déité…


[1] - D'après un conte traditionnel indien rapporté par Lobsang Rampa.


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