Contes, mythes et légendes,
"Manifestation vivante de la Vie Unique",
dits par Régor au gré de la Vouivre

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Le monde n’est pas ce que nous avons appris qu’il est ! Les scientifiques eux-mêmes révisent périodiquement leur approche de cette illusion qu’ils prennent de moins en moins pour la réalité ; ils disputent sur maintes hypothèses…
A coup sûr, le monde est magique et merveilleux pour qui sait, à l’exemple de don Juan qui l’enseigna à Castaneda, déplacer le point d’assemblage de son monde, changer à volonté de longueur d’onde. Tous les peuples premiers prêtaient une grande attention aux rêves, non pas pour une interprétation psychologique, mais pour une compréhension cosmique. Voici un songe qui eut lieu… tout en restant éveillé !

 



LA RECHERCHE

DE LA LICORNE

 
 
Une nuit, en songe, un vieillard m’est apparu et me dit :
« - Je t’appelle du Pays des Songes, toi le véritable ami de la Nature, de la Vie, de tous les Animaux. Je t’appelle du Pays des Songes, pour te dire :
Oui, (…) il faut partir à la recherche de la Licorne ; car celui qui aperçoit un jour cet Animal fabuleux, plus jamais ne sera triste, plus jamais malade, plus jamais pauvre, plus jamais malheureux !
Mais combien difficile est sa capture. Impossible en fait ! D’ailleurs, l’Animal périrait, mis en captivité. On doit l’apprivoiser, très lentement l’apprivoiser, et seule peut ainsi l’attirer une jeune fille pure, sereine, honnête, douce et tendre… Une jeune fille sans la moindre souillure, qui n’a jamais péché…
Ah ! Que veut dire pécher ?…
Cela veut dire qui n’a jamais désiré autre chose que ce que lui offre la vie, à chaque instant, et qui, toujours heureuse de vivre les événements portés par le hasard, n’exige jamais rien de plus. Jamais révoltée, jamais furieuse, jamais critique, jamais maussade, jamais bougonne, jamais renfrognée.
C’est rare ! Très rare ! Mais cependant cela existe. Trouve cette jeune fille… et tu verras la Licorne alors s’approcher d’elle, reposer sa tête sur ses genoux… et tu pourras, toi, l’observer ainsi tout à ton aise…
[1] »
 
A quelque temps de là, un événement extraordinaire se produisit…



 

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© Peinture de Syvie Forcioli.


LA DISPARITION

DE LA LICORNE

 
 
Ah ! Vous avez déjà vu des images de la Licorne ! Mais elle, la Licorne, l'avez-vous rencontrée, véritablement rencontrée ?
Moi qui vous parle, j'en ai fait un jour la rencontre, dans des circonstances fort mystérieuses que je vais vous conter...
 
C'était dans la cour d'un petit château construit au bord d'un profond ravin, quelque part dans un coin perdu de Vendée. Ce château baignait dans une atmosphère bien particulière. On sentait les bois, les prés et les bords de l'étang pleins de présences étranges et invisibles. Tout était magique et ensorcelé sous une apparence tout à fait ordinaire.
Il y avait beaucoup de monde dans le parc car la maîtresse des lieux donnait ce jour-là grande fête... Au crépuscule, une belle et noble Dame vint vers moi et me glissa discrètement à l'oreille :
- Suivez-moi sans bruit... Je viens d'apercevoir la Licorne !
Mon sang ne fit qu'un tour. Quoi, cet animal mystérieux ici ! Je suivis sans mot dire la Dame qui partit dans le sous-bois par une allée étroite serpentant en direction du ravin. Le lieu était désert. Nous étions à mi-pente quand, soudain…, je la vis !
Elle était là, immobile sous les arbres, dressant vers le ciel sombre sa corne torsadée... Son pelage était d'un blanc tirant vers le gris et sa crinière majestueuse soulignait encore plus la noblesse de son attitude. Elle semblait humer l'air...
Je la contemplai ainsi, figé sur place, silencieux, craignant que le moindre bruit, le moindre geste ne la fasse fuir...
Puis je risquai un pas dans sa direction, le plus doucement qu'il me fut possible... Un autre encore... Elle était toujours là, immobile, le regard perdu vers le ciel...
 
Alors, attiré comme malgré moi, je fis encore trois pas et m'immobilisai pour l'observer tout à loisir. De la voir ainsi me fascinait...
Etait-ce bien la Licorne ? Deux pas encore... Nul doute ; son étrange beauté rendait le bois encore plus magique. L'ombre et la lumière se conjuguaient pour la rendre vivante... Mais enfin, était-ce bien elle ?
Un doute soudain jaillit dans mon esprit. Pour en avoir le cœur net, je m'approchai encore précautionneusement. Son immobilité ne me semblait plus aussi naturelle maintenant... Elle était un peu trop figée... Je m'approchai encore... Lorsque je fus à quelques pas, je vis une simple souche d'arbre dont une longue racine pointait vers le ciel...
Ah ! Si vous rencontrez un jour la Licorne, ne doutez pas, ne doutez pas !
Ne laissez pas l'ombre d'un doute vous envahir, car alors, comme pour moi, vous la verrez s'évanouir et prendre une apparence de souche ou de tout autre chose familière.

 
Un songe n’est pas un rêve, il est d’une autre qualité, d’une autre intensité. Entendez ce qui est dit : « ne rien désirer d’autre que ce qu’apporte la vie à chaque instant… ». C’est l’état de virginité tel qu’en parle Maître Eckhart dans ses Sermons.
C’est la clef, inutile en fait, comme il sera dit un peu plus tard…Mais ce sera une autre histoire !
La Licorne, c’est l’Esprit et sa corne, torsadée par trois a le pouvoir de détruire le poison de la source dans laquelle elle se trempe. Entendez, guérir de la contre-nature qui empoisonne l’âme humaine pour le retour à cet état de virginité qui vient d’être dit.
 
Voilà ! Le doute fait s’évanouir les plus belles perspectives, les plus extraordinaires rencontres, les plus belles illuminations.
Au demeurant, vous pouvez, comme l’ont fait certains, voir la licorne, la fée, l’elfe ou le gnome, ce ne sont que des projections de soi-même qui ne changent rien à la quotidienneté. Il vous faudra ensuite reprendre votre fardeau et assumer la matière.
Certes, vous saurez de source sûre que le monde appris et conditionné n’a pas de réalité autre que celle de la cristallisation des peurs de vivre ou de celle des désirs. Peurs et désirs s’engendrent mutuellement d’ailleurs. Vous saurez de source sûre que l’univers est merveilleux, incommensurable, plus extraordinaire que tout ce que nous pouvons imaginer ! Mais attention ! Comme Merlin pris dans les rets de la fée Viviane, vous risquez de rester magnétisé à la terre et d’oublier l’appel intérieur qui vous assure qu’il y a une autre existence au-delà du temps…
 
 

[1] - Emmanuel-Yves Monin - La Dame à la Licorne et au Lion - Pièce de théâtre.


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