Contes, mythes et légendes,
"Manifestation vivante de la Vie Unique",
dits par Régor au gré de la Vouivre

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Voici un conte, sur ce conte en quelque sorte, clin d’œil  à ceux qui ont vécu cela jadis…
 

 

LE CHATEAU

DE DAME LUCINE

 
 
Il était une fois, dans le centre de la France, dans un lointain Moyen Âge, un château magnifique, aux tours crénelées, qui était comme hors du temps. Il avait été construit si rapidement ! L’énergie de Mélusine[1] avait fait venir des artisans des quatre coins de France ; ils s’étaient mis à l’ouvrage avec tant de dextérité que cela avait été chef-d’œuvre sur chef-d’œuvre.
 

 

Des manants et paysans affairés logeant dans les dépendances s’occupaient avec diligence de toutes les corvées, ô joyeusement et avec zèle !
A l’Ecole de Chevalerie, le Seigneur du lieu voyait accourir maints jouvenceaux et maintes jouvencelles qui venaient là faire leurs armes de bachelier avant de devenir banneret et de pouvoir porter-bannière. En ce temps-là, le bachelier était un bas-chevalier ! Un apprenti, en somme !
De grandes messes étaient célébrées dans la chapelle attenante où le recueillement était porté par la lumière de vitraux éclatants.
Jouxtant le château, dans les communs, s’affairaient quantités d’artisans. Les coups et les cris des tailleurs de pierre raisonnaient au loin. Un potier, venu de la lointaine Catalogne, montrait son tour de main aux visiteurs. Dans l’atelier d’enluminures et de calligraphie, une application studieuse produisait sur parchemin les plus beaux écrits et les plus magnifiques décorations. Des dames affairées à la couture brodaient d’or les robes de la noble dame Lucine, châtelaine du lieu, ainsi que celles de ses suivantes. Mais aussi les pourpoints des seigneurs et des pages qui en faisaient demande.
Dans la grande salle du château, au plafond décoré par des artisans et staffeurs remarquables, se donnaient de grands bals. Il y avait table ouverte les jours du Seigneur, pour les pèlerins, voyageurs et invités de circonstance. On y servait des mets délicats et rares ; des cuisiniers habiles accomplissaient même des chefs d’œuvre culinaires, employant pour cela jusqu’aux orties. L’hypocras coulait à flots ; durant les entremets, ce n’était que trouvères, troubadours et jongleurs, montreurs d’ours et danseuses gitanes…
Mais la zizanie se mit dans les cœurs, ô, incidemment, subrepticement, l’air de rien, et ce ne fut au bout de quelque temps que jalousies, mesquineries et querelles. Aux alentours du château se colportèrent ragots et calomnies. Il est facile de rejeter la responsabilité sur l’extérieur. Que voulez-vous, le grand art de la guerre est de demeurer inattaquable ! Mais cette vérité est bien vite oubliée…
Ce petit royaume si beau et si prospère donna des signes de déclin. Il y avait en ce temps-là un bateleur de foire qui demandait souvent une hospitalité qu’il payait en racontant maintes histoires et contes venus de terres lointaines où il avait jadis voyagé. Ce fut ce conte de « L’Etat du Royaume » qu’il choisit de conter le soir à la veillée ou parfois à quelques-uns en particulier, selon l’inspiration du moment.
Chacun écoutait distraitement en ruminant ses problèmes et ses rancœurs. Chacun voulait corriger l’autre, cause de tous ses maux ! Quant à remettre de l’ordre en soi-même… Quelques rares dames et chevaliers le firent cependant mais cela ne suffit pas à enrayer le déclin et la décadence…
Ainsi en est-il souvent en ce monde, pourquoi s’en étonner ?
 

 
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A vouloir dire à l’autre ce qu’il est bon de faire, que de temps perdu ! Pourquoi tant insister ? A moins que ce ne soit pour se convaincre soi-même !
Il était une fois un enseignant qui disait souvent aux parents de ses élèves, devant leur manière d’agir :
- « Confucius a dit (ça, c’est pour solenniser ce qui suit !) : ″On ne fait pas pousser les salades en tirant sur les feuilles″ » !
A ne point être écouté, bien vite il s’aperçut qu’il fut dit aussi :
- « On ne fait pas boire de soif un âne qui n’a pas soif » !
Ou bien encore :
- « On ne peut donner des perles aux pourceaux » !
Impossible en fait !
 
Souvent Merlin, lui, ne disait rien, ou bien poussait des grognements incompréhensibles. La sagesse du Fou divin est déroutante, ses réponses déconcertantes pour qui est dans la compréhension ordinaire, banale et conditionnée de son existence ! En voici un exemple dont la trace se trouve chez Attar :
 

[1] - Voir « La Légende de Raymondin et de Mélusine » : http://regorm.free.fr/expo/expo.html


 



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