Contes, mythes et légendes,
"Manifestation vivante de la Vie Unique",
dits par Régor au gré de la Vouivre

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Un druide breton demanda un jour au conteur :
- As-tu des contes celtes ? Les Contes de l’Or-Riant, c’est bien, mais ici, autour des menhirs, les contes celtes, ce serait mieux.
- Ah ! Non, pas du tout !
J’avais déjà essayé de retenir quelques contes celtes. Impossible ! Ils n’étaient pas sur mon registre…
J’usai finalement d’un stratagème qui m’avait déjà réussi. J’avais transformé les Contes de l’Or-Riant en Contes du Moyen Age, dans un lieu réputé, en déguisant Nashrudin en Thibaud-le-Pieux et le Calife de Bagdad en Roi de France ! Cette fois, ils prirent l’apparence de Merlin et du Roi Arthur, au grand contentement de beaucoup ! Vous vous ferez votre opinion par la suite…
Certains préfèrent la magie de l’Orient de leurs rêves. Les uns et les autres se laissent prendre par la forme sans goûter à l’essentiel peut-être… Chacun apprécie à sa mesure. Ici, les commentaires du Conteur soulèvent quelques voiles et ouvrent des pistes… que nul n’est obligé d’emprunter !
 
A la folie des gens ordinaires, don Juan Matus, le nagual toltèque dont Castaneda suivit les enseignements, substitue la « folie contrôlée », seul moyen selon lui pour ne pas sombrer dans la folie tout court. C’est le grand art utilisé par ceux qui veulent se connaître et ne plus être menés par une réactivité primaire, devenir imprévisibles et se surprendre en allant à l’extrême de leurs possibles. La raison se doit d’abdiquer ses prétentions à vouloir tout expliquer… Le difficile est d’oser… Merlin osa cette folie…
Rendons-nous donc à la Cour du Roi Arthur pour voir :

 
 

COMMENT MERLIN

 

DEVINT CONSEILLER

DU ROI ARTHUR

 
 
En ce temps-là, pris de folie, Merlin vivait dans la forêt armoricaine parmi les loups et autres bêtes sauvages. Personne ne le connaissait encore, sinon quelques paysans vite apeurés par son étrange comportement.
 
Une nuit, on ne sait comment, vêtu de haillons, sale et pouilleux comme le pire des mendiants du royaume, il pénétra à l'intérieur du palais du roi Arthur et vint s'asseoir sur le trône de celui-ci.
Le Maître du Palais, entrant dans la salle, fut horrifié devant ce sacrilège. Il s'apprêtait à appeler les gardes pour faire décapiter cet impudent lorsqu’il pressentit comme un mystère... Il s'approcha du trône et, avec ironie, dit au mendiant :
- Même le Grand Druide n'oserait pas s'asseoir sur ce trône... Tu ne prétends tout de même pas être le Grand Druide ?
- Ah non ! répondit Merlin, je suis… plus que ça !
- Plus que ça ! Mais, au-dessus du Grand Druide, il n'y a que le Roi ! Tu ne prétends tout de même pas être le Roi ?
- Ah non ! répondit Merlin, je suis… plus que ça !
 
- Plus que ça ! Plus que ça ! Mais au-dessus du Roi, il n'y a que le Grand Esprit ! Tu ne prétends tout de même pas être le Grand Esprit !
- Ah non ! répondit Merlin, je suis… plus que ça !
 
- Plus que ça ! Plus que ça ! Plus que ça ! Mais au-dessus du Grand Esprit, il n'y a rien !
- Eh oui, dit Merlin, je suis ce rien ! 
 

 
 
 
Boutade, penseront certains !
L’avantage du conte, c’est qu’il n’impose rien, pas même ce « rien » qu’est Merlin ! Comme dans les auberges espagnoles de jadis, chacun y trouve ce qu’il y apporte de compréhension.
D’autres y pressentent une vérité essentielle…et reculent devant le saut dans l’inconnu qui doit se produire.
 
Mais jouons le Jeu de la Vie !
Il était une fois lors d’une fête médiévale très réputée, un scribe qui vendait quelques écrits. Chaque jour, venait causer avec lui sur maints sujets de philosophie et de théologie un pèlerin venu d’Alsace, sans doute Pasteur de son état, ; il venait faire provision d’idées pour ses futurs sermons ! Chaque fois, il lui était répondu par un conte…
Le dernier jour, après d’amples achats, il demanda au scribe de quelle obédience il était. Ah ! Le besoin qu’ont la plupart des gens de vous mettre dans une boîte, de vous cataloguer ! Ils veulent à toute force vous coller une étiquette, savoir si vous êtes ceci ou cela, de quel parti, de quelle secte, de quelle religion etc.
A son grand étonnement, il lui fut répond par ce conte : « Plus que ça ».
Percutant, non ?
De même qu’à la question :
- Que faites-vous dans la vie ? le pèlerin que chacun de nous est peut répondre :
- Je vis !



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